Mar
2025
Surendettement : pourquoi le Nord reste un département sous tension
Les Hauts-de-France affichent encore des niveaux élevés de surendettement, malgré une tendance nationale en recul.
Augmentation de près de 10 %
Le département du Nord continue de concentrer un nombre important de situations de surendettement. En 2023, 7 749 dossiers ont été déposés auprès de la Banque de France dans le département, marquant une progression de 9 % par rapport à l’année précédente.
Ce constat a été partagé lors d’une conférence organisée par la direction régionale des finances publiques et la Banque de France. Sur l’ensemble des Hauts-de-France, ce sont plus de 17 000 dossiers qui ont été déposés.
Mais contrairement aux idées reçues, cette hausse ne s’explique pas directement par l’inflation. Selon Carine Jupin, directrice régionale de la Banque de France, le phénomène « est davantage lié à la structure socio-économique locale ». Cette dernière souligne notamment :
- un territoire avec un taux de chômage élevé ;
- une large part de la population vivant de prestations sociales ;
- des revenus globalement modestes.
Des imprévus aux lourdes conséquences
Les dossiers de surendettement ne reflètent pas toujours un recours excessif au crédit, mais plutôt une fragilité financière structurelle. Selon la Banque de France, les ménages les plus modestes n’ont pas cherché à s’endetter davantage face à l’inflation. Comme l’explique Carine Jupin, ils ont plutôt cherché à réduire leurs dépenses, voire « à puiser dans leurs ressources ». Ce qui n’a pas empêché certains de sombrer dans la précarité. En effet, un simple accident de la vie peut faire basculer un budget déjà serré et « amener à déposer un dossier de surendettement ». Cela peut être par exemple :
- une facture imprévue ;
- une longue période d’arrêt maladie
- une pression des créanciers.
Pris dans cette spirale, de nombreux ménages finissent par solliciter un accompagnement, souvent en déposant un dossier auprès de la Banque de France.
Face à un déséquilibre budgétaire, un rachat de crédits peut permettre de restructurer ses dettes. Cette opération bancaire permet de regrouper plusieurs prêts en un crédit unique, qui se traduit par une mensualité plus faible. En contrepartie, la durée de remboursement s’allonge et entraîne mécaniquement une hausse du coût total du crédit. |
Un territoire parmi les plus pauvres de France
Une réalité qui est encore plus marquée dans le Nord, qui reste l’un des départements les plus pauvres de France. Il arrive en deuxième position derrière la Seine–Saint-Denis en nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté : 267 000 selon l’Insee.
Avec 365 dossiers de surendettement pour 100 000 habitants, le taux régional dépasse nettement la moyenne nationale, qui s’établit à 260. Les dettes les plus fréquentes sont liées à la consommation, « mais aussi au logement ou à l’énergie », précise Franck Mordacq, directeur régional des finances publiques des Hauts-de-France.
Certaines zones, comme le bassin minier ou la Sambre-Avesnois, cumulent chômage, RSA et endettement chronique. Ce contexte rend les habitants particulièrement vulnérables face aux chocs économiques, et contribue à ancrer durablement le surendettement dans le paysage local.